La saga alimentaire : De Lucy à Mac Do

Intervenant : Louis Monnier

L'acte de manger comme tout acte humain entraîne un certain nombre de frayeurs, de peurs nutritionnelles. Certaines sont justifiées, d'autres non. Parfois, les gens ont peur de certains détails et ils oublient que les peurs se trouvent ailleurs que là où ils les attendent. Nous allons traiter ce problème des peurs nutritionnelles. D'abord, il y a des peurs individuelles, puis il y a des peurs collectives. Dans les peurs collectives, on verra deux cas particuliers : le problème des OGM et le problème de la maladie de la vache folle. Mais tout individu qui mange, a par définition peur de ce qu'il mange, tout du moins au début ; c'est le problème des néophobies. À la naissance, un individu est obligé de faire son apprentissage nutritionnel. On a un certain d'aversions nutritionnelles qu'il faut essayer de combattre, l'enfant est obligé de s'habituer à son alimentation. D'abord, il y a la mère qui l'éduque – souvent d'ailleurs l'éducation se fait par l'école et par les autres enfants qui mangent avec lui. Par exemple, si un enfant n'aime pas les carottes, c'est en voyant ses copains manger des carottes qu'il apprendra à en manger. Parfois, c'est l'éducation à l'école, l'éducation par « contamination » qui sera plus importante que l'éducation au niveau de la famille. Je ne vais pas reprendre toutes les phobies, car ce n'est pas l'endroit pour le faire, il y a des phobies spécifiques qui sont des phobies purement injustifiées, comme la lipophobie, la cholestérolophobie, des gens qui ont peur de manger des graisses, d'autres de manger du cholestérol. C'est pour cela qu'à une époque, certains laboratoires ont fabriqué des beurres sans cholestérol pour ces gens lipophobes. Mais ce n'est pas le problème. Le problème que nous allons voir surtout, ce sont les peurs collectives, avec deux grandes peurs : la peur des organismes génétiquement modifiés (OGM) et la vache folle ; je vais demander à Claude de nous en parler.