La saga alimentaire : De Lucy à Mac Do

Intervenant : Louis Monnier

Donc nous avons vu la première grande frayeur collective qui existe toujours et le débat ne va pas s'arrêter aujourd'hui, il va encore continuer pendant des années.
Une deuxième grande frayeur qui a monopolisé les médias pendant les années 95-2000 qui actuellement est en train de passer, c'est le problème de l'encéphalopathie spongiforme bovine qu'on a désignée sous le terme de « maladie de la vache folle ». D'abord, ce n'est pas nouveau. En 1750, on avait déjà décrit une maladie qui s'appelle la « tremblante du mouton », qui est une encéphalopathie qui atteint les moutons, cette maladie porte le nom de « scrapie », mais elle n'intéressait pas beaucoup les gens parce que c'était une maladie transmissible uniquement d'ovin à ovin, donc l'homme n'était pas du tout concerné.
Ces maladies transmissibles, encéphalopathies, ont eu une recrudescence ou disons une actualisation, lorsqu'un prix Nobel de médecine, Gajdusek, a décrit dans les années 60 une maladie qui s'appelle le kuru. Le kuru mérite d'être un peu décrit : c'est une maladie qui survenait en Nouvelle Guinée, dans une tribu qui pratiquait un cannibalisme rituel et religieux sur leurs morts. Les hommes mangeaient les parties nobles du mort, à savoir les muscles. Au contraire, les femmes et les enfants mangeaient les parties qu'on appelle les abats, c'est-à-dire le thymus, les poumons, les reins – tout ce qui était considéré comme abats. Et Gajdusek a constaté que les hommes ne développaient aucune maladie après ce cannibalisme rituel, et qu'au contraire, les femmes et les enfants, ou certaines femmes et certains enfants, développaient une maladie dégénérative du cerveau, une encéphalopathie. Et, il a relié la consommation alimentaire à cette maladie.